E-commerce S1 2025 : Panier Moyen en Baisse, Comment Optimiser la Logistique ?

Le e-commerce français affiche une santé insolente au premier semestre 2025 avec une croissance de 7,9% selon la FEVAD. Mais derrière ces chiffres encourageants se cache une réalité plus complexe pour les acteurs de la logistique : le nombre de transactions explose (+11,3%) tandis que le panier moyen dégringole à 67€. Résultat ? Plus de colis à livrer pour moins de revenus. Décryptage d’une équation qui redéfinit les règles du jeu logistique.

Les chiffres qui changent tout pour la logistique

Une croissance en trompe-l’œil

Le premier semestre 2025 confirme le dynamisme du e-commerce français, mais avec une particularité de taille. Les ventes en ligne progressent de 7,9% par rapport à 2024, portées par une explosion du volume de transactions : +11,3% en un an. Cette augmentation spectaculaire du nombre de commandes cache pourtant une tendance préoccupante pour l’ensemble de la chaîne logistique.

Le panier moyen s’affiche en baisse significative à 67€, avec un recul de 3% pour les produits et de 5% pour les services. Cette érosion s’explique par plusieurs facteurs convergents : le reflux de l’inflation, l’essor du marché de la seconde main et surtout l’attrait croissant des consommateurs pour les prix bas et les promotions.

L’impact direct sur les flux logistiques

Cette équation crée un déséquilibre majeur pour les transporteurs et les retailers : traiter 11% de commandes supplémentaires tout en générant seulement 7,9% de chiffre d’affaires additionnel signifie une pression accrue sur les marges opérationnelles. Chaque colis devient moins rentable à livrer, alors même que les volumes à traiter explosent.

Les chiffres du panel iCE 100 confirment cette tendance : les sites leaders voient leurs ventes progresser de 5,3% seulement, malgré la hausse considérable des transactions. Le sport (+5,8%), l’électronique (+4,5%) et le meuble/décoration (+2,2%) figurent parmi les secteurs les plus dynamiques, mais tous subissent cette compression des marges.

Pourquoi le panier moyen s’effondre

La révolution des prix bas

Les consommateurs français sont devenus des chasseurs de bonnes affaires. Face à un pouvoir d’achat sous pression, ils privilégient systématiquement les circuits et produits moins chers. Cette recherche d’économies se traduit par une multiplication des petits achats plutôt que des paniers conséquents.

Le développement du marché de la seconde main amplifie ce phénomène. Les plateformes de revente entre particuliers captent une part croissante du e-commerce, avec des prix mécaniquement plus bas que le neuf. Cette tendance structurelle ne devrait pas s’inverser à court terme.

Des comportements d’achat fragmentés

La baisse du panier moyen révèle aussi un changement profond dans les habitudes de consommation. Les cyberacheteurs n’hésitent plus à passer plusieurs petites commandes plutôt qu’une grosse, notamment pour profiter de promotions échelonnées ou comparer les offres entre différentes enseignes.

Cette fragmentation des achats génère mécaniquement plus de flux logistiques pour un même montant dépensé. Un consommateur qui aurait autrefois commandé pour 200€ en une fois passe désormais trois commandes de 67€, créant trois livraisons distinctes à organiser, traiter et facturer.

Les conséquences opérationnelles pour la logistique

Explosion des coûts du dernier kilomètre

Le dernier kilomètre représente traditionnellement 30 à 50% du coût total d’une livraison. Avec des paniers plus petits et des volumes en hausse, cette part incompressible grignote dangereusement la rentabilité. Livrer un colis de 40€ ou de 80€ coûte sensiblement le même prix en termes de transport, de manutention et de temps chauffeur.

Les transporteurs se retrouvent ainsi dans une spirale délicate : impossible d’augmenter les tarifs au risque de perdre des clients dans un marché ultra-concurrentiel, mais difficile de maintenir la rentabilité face à cette inflation des volumes à faible marge.

Pression accrue sur les infrastructures

Les entrepôts et plateformes logistiques doivent absorber ces flux supplémentaires sans bénéficier d’économies d’échelle proportionnelles. Traiter 11% de commandes en plus nécessite plus de personnel, plus d’espace de picking, plus de temps de préparation… pour générer seulement 7,9% de revenus additionnels.

Cette asymétrie crée des goulets d’étranglement opérationnels, particulièrement lors des pics d’activité. Les pics de commandes deviennent plus fréquents et plus intenses, complexifiant la gestion des ressources humaines et matérielles.

Complexification du dispatch et de la planification

Avec davantage de petites commandes dispersées, l’optimisation des tournées devient cruciale. Les algorithmes de planification doivent jongler avec plus de points de livraison pour des volumes unitaires moindres, rendant la mutualisation plus complexe mais aussi plus nécessaire que jamais.

Les dispatcheurs font face à un casse-tête quotidien : comment remplir efficacement les véhicules quand les commandes individuelles sont plus petites ? Comment maintenir des tournées rentables avec autant de stops supplémentaires ?

Les leviers d’optimisation indispensables

Optimisation intelligente des tournées

Face à cette pression, l’optimisation de tournées n’est plus une option mais une nécessité vitale. Les algorithmes modernes permettent de calculer automatiquement les itinéraires les plus efficients en tenant compte de multiples contraintes : volume, poids, créneaux horaires, zones géographiques, compétences des livreurs.

L’objectif est clair : maximiser le taux de remplissage des véhicules tout en minimisant les kilomètres parcourus. Une optimisation bien calibrée peut générer jusqu’à 20-30% d’économies sur les coûts de transport, un gain devenu indispensable dans le contexte actuel.

Les fonctionnalités d’optimisation permettent de créer des tournées ponctuelles ou récurrentes, d’adapter les profils selon les types de véhicules disponibles et de réajuster en temps réel selon les imprévus du terrain. Cette agilité fait toute la différence entre une logistique rentable et une logistique déficitaire.

Automatisation du dispatch pour gagner en productivité

L’automatisation du dispatch constitue le deuxième levier majeur pour absorber l’augmentation des volumes sans exploser les coûts de structure. En configurant des règles d’affectation automatiques, les entreprises peuvent traiter instantanément les commandes entrantes sans mobiliser constamment leurs équipes.

Ces règles peuvent être basées sur de nombreux critères : zone géographique, type de prestation, client, disponibilité des livreurs, urgence de la livraison. Le système affecte automatiquement chaque mission au bon coursier via notification push, éliminant les allers-retours téléphoniques chronophages.

Cette automatisation libère les dispatcheurs pour se concentrer sur les cas complexes et l’optimisation stratégique, plutôt que de passer leurs journées à répartir manuellement des centaines de commandes. Le gain de productivité peut atteindre plusieurs heures par jour, autant de temps réinvesti dans l’amélioration du service.

Mutualisation et consolidation des flux

La mutualisation devient une stratégie incontournable pour rentabiliser les petits paniers. En regroupant plusieurs commandes destinées à une même zone géographique, les transporteurs optimisent leurs taux de remplissage et réduisent drastiquement leurs coûts au colis.

Cette approche nécessite une excellente visibilité sur l’ensemble des flux à traiter et des capacités de planification avancées. Les TMS modernes facilitent cette mutualisation en offrant une vue consolidée de toutes les commandes à dispatcher et en suggérant automatiquement les meilleurs regroupements possibles.

Certains acteurs vont jusqu’à mutualiser leurs ressources avec d’autres transporteurs pour maximiser l’efficience. Cette logistique collaborative, encore émergente en France, pourrait bien devenir la norme face à l’équation économique actuelle.

Digitalisation complète pour réduire les coûts cachés

Les coûts cachés de la logistique s’accumulent rapidement : temps passé au téléphone pour informer les clients, gestion manuelle des litiges, saisie de données redondantes, archivage papier des preuves de livraison. La digitalisation complète de ces processus génère des économies substantielles souvent sous-estimées.

Les notifications automatiques (SMS, email, push) réduisent drastiquement les appels entrants et améliorent simultanément la satisfaction client. Le suivi en temps réel avec ETA dynamiques limite les interrogations sur l’avancement des livraisons. La dématérialisation des preuves de livraison accélère la facturation et élimine les coûts de papier et d’archivage.

Comment les TMS deviennent indispensables

De « nice to have » à « must have »

Pendant longtemps, les TMS (Transport Management Systems) étaient perçus comme des outils réservés aux grands groupes logistiques. L’équation actuelle du e-commerce change radicalement cette perception. Pour les PME du transport et du retail, s’équiper d’un TMS performant n’est plus un luxe mais une question de survie.

Un TMS moderne offre précisément les réponses aux défis actuels : optimisation automatique des tournées, dispatch intelligent, traçabilité en temps réel, notifications clients, facturation automatisée. Ces fonctionnalités permettent d’absorber la croissance des volumes tout en maîtrisant, voire en réduisant, les coûts opérationnels.

ROI immédiat sur l’optimisation

L’investissement dans un TMS se rentabilise rapidement face à l’inflation des volumes. En réduisant de 20% les kilomètres parcourus grâce à l’optimisation, une entreprise qui traite 1000 livraisons par mois économise immédiatement sur le carburant, l’usure des véhicules et le temps de travail.

En automatisant le dispatch, ce sont 1 à 2 heures gagnées par jour sur la répartition manuelle des missions, soit l’équivalent d’un demi-ETP réaffecté sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. La facturation automatisée accélère le recouvrement et libère du temps comptable précieux.

Ces gains s’accumulent pour créer un avantage compétitif décisif. Pendant que certains acteurs continuent de gérer manuellement leur croissance en recrutant sans cesse, les entreprises digitalisées absorbent les volumes supplémentaires avec leurs ressources existantes.

Réponse à la pression clients

Les clients finaux – qu’il s’agisse de retailers pour les transporteurs ou de consommateurs pour les retailers – ont des attentes exponentielles en matière de transparence et de réactivité. Le simple « votre colis sera livré demain » ne suffit plus. Ils veulent un suivi en temps réel, des notifications proactives, la possibilité de replanifier leur livraison.

Un TMS permet de répondre à ces exigences sans mobiliser des équipes entières au service client. Le suivi GPS temps réel, les ETA prédictifs, les liens de suivi brandés, les interfaces de reprogrammation publiques créent une expérience client premium qui fidélise et différencie.

Dans un marché où la qualité de service devient le principal facteur de différenciation face à la guerre des prix, cette dimension n’est plus négociable. Les retailers et transporteurs qui n’offrent pas cette transparence perdent progressivement des parts de marché au profit des acteurs digitalisés.

Les secteurs les plus impactés

Le retail non-alimentaire en première ligne

Les secteurs du sport, de l’électronique et du meuble/décoration affichent certes des progressions encourageantes, mais subissent de plein fouet la baisse du panier moyen. Ces univers produits génèrent traditionnellement des paniers plus élevés, rendant l’érosion des marges encore plus sensible.

Les retailers de ces secteurs doivent repenser radicalement leur logistique. Ship-from-store, micro-fulfillment, partenariats avec des transporteurs locaux décarbonés : toutes les options sont à explorer pour maintenir la rentabilité des livraisons.

Le secteur mode et beauté sous pression

L’habillement et la beauté restent stables (+0,1% et +0,6%), ce qui dans le contexte actuel constitue presque une contre-performance. Ces secteurs historiquement porteurs du e-commerce peinent à stimuler la croissance, en partie à cause de la concurrence féroce des marketplaces et des acteurs de la seconde main.

La logistique de ces produits, souvent caractérisée par des retours importants, devient particulièrement complexe à rentabiliser avec des paniers moyens en baisse. L’optimisation des flux retours et la réduction du taux de retour grâce à de meilleures informations produits deviennent prioritaires.

Les pure players e-commerce face au mur

Les acteurs historiques du e-commerce qui ont construit leur modèle sur des paniers élevés et des marges confortables doivent se réinventer. La multiplication des petites commandes érode leur rentabilité plus rapidement que les acteurs omnicanaux qui peuvent s’appuyer sur leurs réseaux physiques.

Cette situation accélère probablement la consolidation du secteur. Les acteurs qui ne parviendront pas à optimiser drastiquement leur logistique risquent de voir leurs marges fondre jusqu’à l’insoutenabilité. Les faillites d’entreprises de transport ont déjà bondi, avec 636 procédures collectives ouvertes au T1 2025.

Perspectives pour le second semestre 2025

Une tendance appelée à se poursuivre

Les signaux actuels laissent présager une continuation de cette dynamique sur le second semestre. La progression du volume de commandes devrait rester soutenue, mais probablement moins marquée qu’en 2024 où elle atteignait +10%. Le panier moyen, lui, ne devrait pas se redresser significativement à court terme.

Les comportements de consommation orientés vers la recherche de prix bas et les petits achats fréquents se sont structurellement installés. La seconde main continue de gagner des parts de marché, contribuant mécaniquement à la baisse du panier moyen global.

L’impératif d’adaptation

Les acteurs qui sortiront gagnants de cette nouvelle donne seront ceux qui auront su transformer rapidement leur modèle opérationnel. L’agilité devient le maître-mot : capacité à optimiser en continu, à automatiser les processus répétitifs, à s’adapter aux fluctuations de volumes sans explosion des coûts fixes.

La technologie n’est plus optionnelle dans cette équation. Les solutions TMS, les algorithmes d’optimisation, les outils d’automatisation du dispatch constituent désormais l’infrastructure de base pour rester compétitif. Investir dans ces technologies n’est plus un pari sur l’avenir mais une réponse immédiate à la réalité du marché.

Opportunités dans la contrainte

Cette pression sur les marges force aussi l’innovation. De nouveaux modèles logistiques émergent : click-and-collect optimisé, micro-hubs urbains, livraison collaborative, mutualisation inter-enseignes. Ces approches créatives permettent de servir plus de clients pour moins cher tout en maintenant une qualité de service élevée.

Les acteurs qui sauront combiner excellence opérationnelle et innovation logistique prendront une longueur d’avance décisive. Dans un marché où les volumes croissent mais les marges se compriment, l’efficience opérationnelle devient le principal différenciateur compétitif.

L’essentiel à retenir

Les chiffres du e-commerce S1 2025 dessinent une nouvelle réalité pour la logistique française. Plus de commandes mais des paniers plus petits créent une équation complexe où chaque euro compte. Les transporteurs et retailers qui n’optimiseront pas drastiquement leurs opérations verront leurs marges s’évaporer.

La réponse passe par trois piliers technologiques : l’optimisation intelligente des tournées pour réduire les coûts de transport, l’automatisation du dispatch pour absorber les volumes sans recruter massivement, et la digitalisation complète pour éliminer les coûts cachés.

Dans ce contexte tendu, s’équiper d’un TMS performant n’est plus un projet à moyen terme mais une urgence stratégique pour maintenir sa compétitivité et sa rentabilité.
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